Démolition de l'endroit








DEMOLITION DE L'ENDROIT
(autour de la vue Lumière, Démolition d'un mur, 1895)

conception, texte et réalisation sonore et visuelle : Paul-Emmanuel Odin
avec Anne-Claude Goustiaux


Aussitôt inventé, le cinématographe semble excéder le projet de saisir la vie sur le vif, en temps « réel » : dès les premières projections, les frères Lumières réservent, pour finir en apothéose la séance, deux films que l’on montre à l’endroit puis à l’envers,
Démolition d'un mur, et les Bains de Diane à Milan.
Mais l’envers, quelle issue invivable offre-t-il au nouvel homme ainsi convoqué dans ce détournement du temps ?
Quel avenir impossible a eu l’envers du temps depuis le cinématographe ?

à propos d'une image de tournage de L'oubli



— Ce n'est pas seulement une image?
— Non, cette image, c'est d'abord une scène nocturne, une scène de théâtre. Cette image, d'ailleurs, est momentanée : elle n'arrive qu'entre un noir initial, et un blanc terminal. Elle passe, et c'est l'enjeu d'une passe.
— De quoi ?
— De la parole dans la nuit.

La nuit du sujet désirant, pris dans l'impossible de sa demande.

— L'image, donc, ne s'inscrit pas définitivement, même si la lumière qui la compose s'est écrite continument.

— Oui, la lumière s'inscrit pour toujours, une fois, mais pour toujours. Mais l'image, dans cette augmentation univoque du temps, de la lumière, passe. Elle se tient dans "l'instant qui ne cesse pas".
— Elle se désécrit.
— Ombres.
— D'où la parole des personnages rayonne.

— Ombres nécessaires aux voix blanches.